Cette date-là, on l’attendait ! Non pas que le reste de la programmation du Plan laisse à désirer – une belle série de dates sympathiques nous attend au contraire à Ris-Orangis dans les prochains mois – mais on a parfois le droit d’avoir des coups de coeur.
Pas de ces coups de coeur trouvés au comptoir du bar du restaurant « le bon plan », ces vieux beaux (ça se dit aussi « jeunes moches » ?) qui tentent de vous brancher sur un sombre prétexte musical alors que vous voulez grignoter un truc tranquillement. Mais de ces coups de coeur musicaux qui vous poussent à affronter colis suspects, pannes de matériel de RER et à rejoindre l’Essonne pour une soirée unique.
Coup de coeur, Gregory Porter en est un. Enfin pour moi.
Le bonhomme imposant a subi depuis quelques années une accélération de carrière multi-grammy-awardisée. C’est à juste titre. Pour sa voix si reconnaissable, pour les textes qu’il écrit, pour le groove de ses compositions, pour sa présence scénique surtout.
Le voir sur scène, c’est étrange, surtout quand on a abondamment écouté ses albums. Etrange, car c’est familier, rassurant, plein de bons sentiments. Et malgré tout, loin de se lasser sur fond de déjà-vu, on se prend au jeu et on entre très vite dans la musique du groupe. Car, au delà de Gregory Porter, il y a un groupe entier, qui l’accompagne sur ses deux derniers albums mais aussi sur scène. Un ensemble qui fonctionne merveilleusement bien tant il a arpenté de grandes scènes ces derniers temps, particulièrement bien emmené par le pianiste Chip Crawford qui fait bien plus que de seconder le géant.
On se prend à danser sur ce « Liquid Spirit » qui comporte une belle collection de morceaux rythmés, sur un fond de textes autobiographiques accumulant émotions et sentiments. S’y mêlent pour les spectateurs le respect un peu coincé d’un concert de jazz, la ferveur quasi religieuse issue de l’héritage du gospel, mais surtout un groove qui permet aux gens de se lâcher, de bouger, de crier et de claquer dans les mains.
« Clap your hands now ! ». La légende veut que le jeune Gregory se destinait à une carrière de footballeur américain. Nous on est heureux qu’il ait changé de vocation, que sa présence serve la scène, et qu’il inspire une armée de spectateurs et d’auditeurs autour du monde plutôt qu’une obscure bande de cheerleaders autour d’un stade.