Féline… Le qualificatif est plat, l’image est éculée. Et c’est pourtant ce qui s’impose doublement lorsque l’on découvre sur scène Maud-Elisa Mandeau, aka Le Prince Miiaou. Doublement, car son nom de scène nous suggère d’entrée de jeu un univers de conte dans lequel les miaulements et les griffes sont au coeur de l’intrigue. Mais aussi car la jeune femme sait se montrer douce et timide comme le plus affectif des chats lorsqu’elle s’adresse à son public, tout en sortant les griffes pour faire cracher le larsen de sa gratte dans ses errements les plus déjantés.
Avec elle, on ne se risque pas aux comparaisons avec les références musicales. Si certes on lui prête des similitudes avec moult musiciens ou formations (Cranberries ? PJ Harvey ? Arcade Fire ? …), force est de reconnaître que sa musique est unique. Cela va de la flûte à bec aux riffs de guitares saturées en passant par le sifflet à roulette et les boucles vocales. Et aussi étrange que cela puisse paraître, ça envoie ! Tout en restant terriblement humain, intime, personnel.
Consciencieuse lors de ses balances, elle peut se montrer ferme, elle est carrée, elle sait ce qu’elle veut et ne semble pas aimer l’approximation (« tu veux vraiment pas me mettre un peu plus de delay dans les retours ? »). Mais entre deux, elle s’évade et joue, singeant au milieu d’une répétition les postures les plus improbables pour une vidéo sur son iphone.
Un sourire pour le photographe avant de monter sur scène, un long moment pour partager un verre avec fans et curieux après le concert ; loin d’être dépassée par le succès, elle reste the girl next door alors qu’elle assurait encore récemment sur des scènes prestigieuses aux Franco, à Paris pour la fête de la musique ou encore très bientôt à l’Olympia avec les Inrocks.
Devant un public improbable, son public charentais, entourée par des musiciens dotés de multiples talents, Le Prince Miiaou a recréé un univers unique, de noirs et de couleurs, pour le plus grand plaisir des mélomanes et des photographes.
On aime les musiques bien bordées, millimétrées, surprenantes malgré tout : comme ce bassiste qui joue de la guitare, notre guitariste qui s’égare à la basse, et un surprenant violoncelliste qui assure aux claviers, accompagnés par un batteur qui tape fort, et bien ! Ca reste pro, tout le temps, et ça respire le talent.
Merci à Maud-Elisa pour son talent et sa gentillesse (« non-non, je ne suis pas pro, moi, mais sur mes photos tu auras les yeux ouverts »), ainsi qu’à Johan-Hilel et toute l’équipe de l’Espinoa pour la qualité de la programmation.